Frédéric Creton totalise déjà 20 ans d’expérience chez Bouygues T.P. où il est entré en 1992 après avoir décroché un BTS en électromécanique. Il y a gravi de nombreux échelons. Responsable préfabrication, puis responsable béton, il est aujourd’hui chef de services adjoint travaux. A ce titre, il se déplace de chantier en chantier, principalement en France, où il a la responsabilité des services généraux. « En clair, je suis responsable de l’ensemble du matériel présent sur le chantier et de la logistique », précise-t-il. Après une mission sur le chantier de construction de l’EPR de Flamanville, Frédéric Creton est arrivé sur le site du terminal méthanier en octobre 2011. «A ce moment-là, je me partageais encore pour moitié entre les deux chantiers », explique-t-il. « Mais depuis mars 2012, je suis à 100 % sur le terminal ». Habitué des gros chantiers, le responsable des services généraux n’est pas spécialement impressionné par la dimension de celui du terminal. Même constat par rapport aux mesures de sécurité drastiques exigées par Dunkerque LNG. « J’ai déjà beaucoup travaillé pour EDF, je suis donc très au fait de leur niveau d’exigence en la matière, très proche du nôtre. », constate celui qui a en charge la mise en place des moyens nécessaires aux travaux réalisés par Bouygues T.P. dans le strict respect des normes et des procédures. Et en accord avec le planning établi. « L’installation des dix grues qui opèrent sur le site pour la construction des trois réservoirs a, par exemple, demandé un énorme travail en amont », ajoute Frédéric Creton. « La rédaction des procédures a été particulièrement longue. Mais c’est aussi la démesure de ce type d’engins, qui pour certains culminent à 70 mètres, qui l’exige ». Atelier électromécanique, chaudronnerie, bâtiment précontrainte, centrale à béton, ascenseur, petit matériel de chantier… Frédéric Creton doit veiller quotidiennement à ce que tout soit en état de marche et faire procéder aux réparations nécessaires le cas échéant. « Se faisant, nous pouvons garantir la tenue des plannings », conclut Frédéric Creton dont la mission sur le terminal sera sans doute quasiment terminées à l’issue de la mise en place des dômes au sommet des réservoirs et des premiers bétonnages sur les coupoles métalliques de ces dômes.

C’est le père Thomas Vercoutre, curé de la paroisse de Bourbourg, qui a officié ce jeudi 30 mai devant un parterre de personnalités et de salariés du chantier. « Que Dieu bénisse ce tunnelier et les ouvriers qui le feront fonctionner » a-t-il invoqué avant que Bertrand Ringot, maire de Gravelines, et Eric Rommel, maire de Loon-Plage ne coupent le ruban tricolore. Le tunnelier venait d’être baptisé « Joséphine La Peule », respectant ainsi la tradition des mineurs de fond qui veut qu’il soit baptisé d’un prénom féminin en référence à leur patronne et protectrice « Sainte-Barbe ». Ce choix ne doit rien au hasard : Joséphine La Peule est en effet le prénom de la géante de Coudekerque-Branche. Le personnel de Dunkerque LNG et Cofiva (assistant maître d’ouvrage du chantier), appelé à se prononcer, honore ainsi une autre tradition : celle des Géants du Nord.

Le tunnelier, construit à l’usine CSM-Bessac de Saint-Jory (près de Toulouse), a traversé 18 départements en six jours ouvrés avant d’arriver sur le site du terminal. Composé d’un bouclier qui creuse et évacue, d’un train suiveur de douze remorques (où se trouve aussi la cabine de pilotage) et d’un train de marinage qui évacue à la fois les déblais et pose les voussoirs en béton nécessaires à la construction du tunnel, le tunnelier devrait être descendu et assemblé au fond du puits, à 54 mètres de profondeur, début juillet prochain par le groupement BRS (CSM-Bessac ; Razel-Bec ; Soletanche-Bachy France) à qui Dunkerque LNG a confié l’ensemble des travaux liés au tunnel. Avec une moyenne de 20 mètres par jour, il faudra environ un an pour creuser les 5 km de tunnel (d’un diamètre de 3 mètres) qui relieront le terminal aux eaux chaudes de la centrale nucléaire de Gravelines afin de regazéifier le GNL.

C’est plutôt une bonne nouvelle et Marc Girard, président de Dunkerque LNG, n’a pas manqué de le souligner : les espèces limicoles attendues sur la zone d’accueil des oiseaux migrateurs à Gravelines ont toutes été observées. Mesure compensatoire environnementale majeure, cette zone de 20 hectares, baptisée « Espace Naturel des Hems Saint-Pol » doit principalement favoriser le stationnement et la reproduction d’espèces limicoles (petits échassiers se nourrissant et vivant dans la vase) qui avaient précédemment pour terre d’accueil la zone ou se déroulent actuellement les travaux d’aménagement de la plate-forme du terminal méthanier. Composée de quatre grands types d’habitats naturels (étangs et poches d’eau, roselières, plages vaseuses, prairies humides à sèches), elle a été inaugurée le 23 mai dernier, à l’invitation de Marc Girard, en présence de nombreuses personnalités, dont Christine Cabau-Woerhel, présidente du directoire de Dunkerque Port, Bertrand Ringot, maire de Gravelines et conseiller général du Nord, ainsi que Jo Dairin, vice-président de la Communauté urbaine de Dunkerque. Dunkerque LNG, maître d’ouvrage du chantier du terminal, a consacré une enveloppe de 2 millions d’euros à cette zone, dont la gestion revient désormais au Département. Lors de l’inauguration, les différents intervenants ont tous souligné l’extrême sérieux avec lequel cet aménagement a été réalisé, en conformité avec le planning établi. Au-delà du simple aspect environnemental, l’Espace Naturel des Hems Saint-Pol constitue aussi un atout touristique pour Gravelines : une série d’aménagements complémentaires vont permettre l’observation des espèces, dans la continuité des circuits pédestres existants. C’est dans ce but que des panneaux pédagogiques ont été placés, à proximité des différents points d’observation.