Lettre d'information n°41 - Octobre 2016

Rencontre

Philippe Cros, lamaneur au port de Dunkerque « L'arrivée et le départ d'un méthanier nécessitent une manoeuvre plus technique »

2016-10-03

Philippe Cros est président-adjoint de la société coopérative des lamaneurs du port de Dunkerque. Passionné par son métier et la région dunkerquoise qu'il a adoptée, Philippe Cros voit d'un très bon oeil l'arrivée des premiers méthaniers qui occasionne de l'activité supplémentaire pour l'ensemble des lamaneurs. Rencontre.

Originaire de Martigues près de Marseille, Philippe Cros a traversé toute la France par amour pour son épouse, native de Malo-les-Bains et fille d’un lamaneur du port de Dunkerque. « Même si je connais bien le port de Marseille, je ne suis pas du tout issu du milieu maritime », explique-t-il. « Mais, en rencontrant ma femme, j’ai aussi fait la connaissance de son père, passionné par son métier de lamaneur. C’est lui qui m’a fait découvrir le métier et qui m’a transmis sa passion. Quand il a pris sa retraite en 1997, il m’a proposé de prendre sa succession dans la société coopérative des lamaneurs du port de Dunkerque. J’ai accepté sans l’ombre d’une hésitation ». Philippe Cros entreprend alors une formation de deux ans au sein de la Scoop et obtient, au lycée maritime du Portel, le diplôme « Capitaine 200 », brevet de commandement permettant de piloter les vedettes de la société. Il devient lamaneur titulaire en 1999. « J’adore vraiment mon métier. D’abord parce que c’est un métier physique et ensuite parce qu’il n’y a jamais de routine. Quand on est de service, on ne sait jamais à l’avance combien on aura de navires à amarrer ou à larguer, si les conditions climatiques seront bonnes ou non, si nous aurons des difficultés pendant la manœuvre, … Bref, c’est passionnant ! », s’enthousiasme Philippe Cros.

Le 8 juillet dernier, l’arrivée du premier méthanier au port de Dunkerque a constitué un petit évènement dans la communauté des lamaneurs. « Nous avions eu des réunions de préparation bien en amont et nous avons suivi le projet depuis son début » , témoigne Philippe Cros. « L’amarrage et le largage d’un méthanier ne se fait pas tout à fait comme pour les autres navires. Nous recevons, par exemple, à chaque fois le plan d’amarrage   qui précise exactement quel croc d’amarrage utiliser. Nous sommes 8 lamaneurs pour effectuer ce travail. Nous sommes répartis sur deux vedettes, 2 lamaneurs par vedette et 4 lamaneurs sur l’appontement pour capeler les amarres pendant une durée d’environ 2h. Nous avons à mettre 8 amarres à l’avant et 8 amarres à l’arrière avec une certaine tension à respecter, cette opération s’effectuant en collaboration avec les remorqueurs et le pilote qui dirige la manœuvre », précise Philippe Cros. « C’est vraiment un gros travail pour nous ».

L’arrivée et le départ des deux premiers méthaniers se sont passés sans problème majeur. Philippe Cros en attend tout autant pour les suivants qu’il espère d’ores et déjà nombreux.

Vie de chantier

La mise en service du terminal prévue d'ici la fin d'année

2016-10-03

Les causes de l'incident du 26 juillet sont maintenant connues et l'escale du second méthanier s'est déroulée sans aucun souci. TS LNG poursuit donc ses essais industriels en confiance et prévoit une mise en service du terminal d'ici la fin d’année. Retour sur les événements de ces dernières semaines avec Sylvain Ringot, directeur technique de Dunkerque LNG.

La mise en service d’un équipement aussi gigantesque qu’un terminal méthanier est loin d’être chose aisée. Celui de Dunkerque n’a pas fait exception à la règle. « Nous avons dû faire face à un incident le 26 juillet dernier », commente Sylvain Ringot. « Du GNL a été envoyé par erreur dans les circuits de BOG,et une petite quantité s’est écoulée jusqu’au pied de la torche, ce qui a déclenché un incendie, vite maîtrisé. Cet incident était dû à un dysfonctionnement des capteurs de niveaux. Tout est rentré dans l’ordre, désormais ».

Par ailleurs, suite à l’incident, le compresseur haute pression de BOG (équipement qui permet d’envoyer le surplus de gaz sur le réseau) a été démarré en priorité, et la torche, qui a fonctionné jusqu’au 12 août dernier, est maintenant éteinte. « Le compresseur HP est en service, le BOG est envoyé normalement sur le réseau », précise Sylvain Ringot. « C’est une très bonne chose car nous n’avons évidemment aucun intérêt à brûler du gaz pour rien ».

TS LNG reprend désormais ses essais industriels. Prochaine étape : l’envoi du gaz sur le réseau dans des conditions normales d’activité. En attendant, le terminal a accueilli, comme prévu, un deuxième méthanier le 15 septembre dernier à 6 heures du matin. Le déchargement a commencé dans l’après-midi dans des conditions normales et sans qu’aucun incident ne soit à déplorer.

La mise en service du terminal devrait intervenir d'ici la fin de l'année. Le terminal sera alors apte à recevoir toutes les cargaisons des clients de Dunkerque LNG.

Extérieur chantier

Selon une étude publiée par la CCI Nord de France, le chantier a fait travailler 1 561 entreprises et 7 266 personnes y ont directement participé

2016-10-03

A propos des retombées économiques générées par le chantier du terminal méthanier, à peu près tout et son contraire ont été dits. Pour avoir une idée très précise de ce qu'il en est réellement, Dunkerque LNG a commandé une étude à la direction des études de la CCI Nord de France, sur une période allant de début 2012 à fin 2015. Nous en présentons ici une partie des résultats.

Ce chantier colossal, dont l’investissement s'élève à 1,160 milliard d’euros, a fait travailler 1 561 entreprises, dont 347 étaient dunkerquoises. 86 % des entreprises étaient françaises. Du côté de l’emploi, l’étude montre que 7 266 personnes ont directement participé au chantier -de quelques jours à plusieurs années-, ce qui représente 9 400 équivalents temps plein (dont 6 550 pour le Dunkerquois). Ces personnes étaient originaires de 56 pays. 46 % d’entre elles étaient étrangères. Le chantier a aussi bénéficié à l’emploi local puisque 1 326 contrats concernaient des personnes originaires à 94% de la région. 17 % d’entre elles étaient au RSA au moment de la signature du contrat et 47 % étaient demandeuses d’emploi depuis au moins un an. 212 personnes ont bénéficié d’une clause d’insertion.

Du côté des retombées économiques indirectes, le chantier a généré 1,1 million de nuitées supplémentaires dans le Dunkerquois, soit 45 millions d’euros et 1 100 emplois en équivalent temps plein. Les dépenses courantes des salariés en déplacement sur le chantier ont, quant à elles, généré 195 millions d’euros. Enfin, Dunkerque LNG a dépensé 11,5 millions d’euros pour la mise en oeuvre du programme d'accompagnement : création d’une aire de baignade biologique et d’une Maison de la Nature à Loon-Plage, participation à la 2ème phase d’aménagement du PAarc et d’une aire d’accueil des oiseaux migrateurs à Gravelines et enfin dotation de matériel de sécurité pour le club de kite-surf de Dunkerque.

A mettre également au crédit du chantier : les nombreuses heures de formation suivies par les salariés pour augmenter leur niveau de compétences, compétences qu’ils peuvent désormais valoriser sur d’autres chantiers. Enfin, l’expérience de cet énorme chantier européen qui apporte du crédit aux entreprises qui y ont participé.

Au total, sur la durée du chantier, l’économie locale a bénéficié de 651 millions d’euros de retombées directes, indirectes et induites.

Pour découvrir les résultats de l'étude menée par la CCI, cliquez ici